Le marché de la télévision post-pandémie

La pandémie de la COVID-19 a eu un impact important sur le marché de la télévision par Internet. En quelques mois, le secteur a fait un bond en avant de plusieurs années. Les films sont désormais diffusés en avant-première sur les services de streaming, le trafic en ligne a considérablement augmenté et les opérateurs ont gagné de nombreux nouveaux abonnés. Les événements de printemps 2020 ont donc défini ce à quoi le secteur ressemblera dans 5 ans.

Augmentation du trafic Internet

Les individus étant confinés chez eux, le recours au divertissement à domicile a fortement augmenté en Europe et aux États-Unis. Les utilisateurs ayant cessé de voyager ont commencé à reporter l’achat de certains objets coûteux, comme des montres ou des bijoux, et se sont tournés vers la cuisine et la télévision. En mars, les téléspectateurs autrichiens et espagnols consultaient ainsi 50 % de contenu de plus qu’avant la crise.

Les services de streaming ont redoublé d'efforts en matière de compression afin d’éviter de surcharger le réseau. En mars 2020, certains gouvernements et fournisseurs d'accès à Internet ont demandé à Netflix de réduire temporairement le trafic. Netflix est ainsi parvenu à optimiser son trafic de 25 % sans sacrifier la résolution vidéo ni la qualité du service.

Arrêt des tournages dans le monde entier

Entre mars et mai, tous les cinémas du monde ont fermé leurs portes, et les tournages ont été suspendus sur tous les projets de films et d'émissions de télévision. Les nouveautés sont de plus en plus souvent diffusées en avant-première sur les services de streaming, tandis que les équipes de scénaristes, de doubleurs et de post-production travaillent à distance.

Cet arrêt brutal des tournages a eu un impact considérable sur des millions de personnes, incluant les acteurs et les équipes de tournage, mais également les électriciens, les charpentiers, les chauffeurs ainsi que d'autres travailleurs de l'industrie cinématographique. Plus de 120 000 personnes ont perdu leur emploi rien qu'à Hollywood.

En avril, Netflix a pris la décision de faire passer une partie de son équipe en télétravail et a engagé 2 500 spécialistes de l'assistance technique pour maintenir la qualité de son service client. La production de films et d'émissions de télévision en cours s’est également arrêtée. Pourtant, les scénaristes, les doubleurs, les équipes de post-production et de VFX travaillaient déjà sur deux cents nouveaux projets.

Les cinémas ont fermé, mais l'industrie cinématographique a persévéré. Les services de streaming sont devenus la plateforme privilégiée pour les avant-premières, mais de nombreux films ont été reportés de plusieurs mois, voire de plusieurs années.

Raréfaction des contenus sportifs

La plupart des matchs et des championnats étant annulés ou reportés, les téléspectateurs se sont retrouvés en manque de contenus sportifs. Les opérateurs diffusaient ainsi des matchs sans supporters et des retransmissions des événements de l'année précédente.

Lorsque le nombre de cas de COVID-19 a atteint 11,4 millions de personnes dans le monde, les Jeux olympiques d'été de Tokyo 2020 ont été reportés. Le Comité international olympique et le Premier ministre japonais de l'époque, Shinzō Abe, ont convenu qu'il serait préférable de les organiser en 2021.

La Fédération internationale de tennis a annoncé que la moitié de son personnel était mis au chômage technique en raison du coronavirus, et 900 matchs dans le monde ont dû être reportés.

Après deux mois d'incertitude, la Ligue allemande de football a organisé son championnat de Bundesliga sans supporters. Les courses de Formule 1 organisées en Autriche, en Hongrie et en Azerbaïdjan se sont également déroulées devant des tribunes vides.

Le nouveau contenu sportif se faisant plus rare, de nombreux opérateurs de télévision payante ont commencé à proposer des rediffusions. Amazon Prime a proposé à ses abonnés Prime aux États-Unis, sans frais supplémentaires, la rediffusion de 30 matchs de la Major League Baseball à partir de 2019, et de près de 80 matchs de basket-ball NBA Hardwood Classics.

Le public étant toujours très attiré par le sport, les petits et grands opérateurs n’ont pas le choix de proposer des rediffusions jusqu'à ce que la pandémie soit terminée.

Les services de streaming diffusent désormais les journaux télévisés

De nombreuses personnes abonnées à un service de streaming ont renoncé à la télévision linéaire et ne l'utilisent que pour regarder les journaux télévisés. Plus de 45 % des téléspectateurs de Hulu ne regardent pas la télévision par câble ou par satellite, préférant uniquement les abonnements à la VoD. Pour que tous ses utilisateurs puissent rester informés de l'actualité, le service a ajouté gratuitement la chaîne ABC News Live à tous ses abonnements en mars 2020.

En avril, Amazon Prime a ajouté CBS News à son offre, qui est une chaîne d'information en continu, ainsi que plus de 30 émissions de télévision et films HBO gratuits. Ces contenus sont accessibles à tous les utilisateurs d'Amazon aux États-Unis et ne nécessitent aucun abonnement Prime. Pour en profiter, il suffit donc de se connecter à son compte Amazon.

Les opérateurs étendent également leurs abonnements et ajoutent du contenu gratuit. De cette façon, ils entretiennent la fidélité de leurs clients tout en restant compétitifs sur la part d'audience, ce qui est particulièrement important sur les marchés américains et canadiens saturés.

Le modèle SVOD restera dominant jusqu'en 2025

L'afflux d'abonnés en raison du confinement a dépassé les estimations des services de streaming. Au premier trimestre 2020, Netflix prévoyait d'attirer 7 millions de nouveaux abonnés, mais les chiffres ont doublé à cause de la pandémie. La croissance a été légère en Amérique du Nord, la plupart des nouveaux téléspectateurs étant originaires de la région Asie-Pacifique.

La SVOD restera le modèle de monétisation dominant sur le marché durant les cinq prochaines années. Elle représentera 58 % des revenus des services de streaming jusqu'en 2025. Les projets AVOD (Vidéo à la demande gratuite financée par la publicité) connaissent une croissance rapide, mais ce modèle reste encore beaucoup moins répandu.

Contrairement à l’AVOD, le modèle d'abonnement convient aussi bien aux grands opérateurs qu'aux opérateurs locaux. Les abonnements garantissent des revenus stables, prévisibles et évolutifs pour l'entreprise. Les opérateurs locaux n'optent jamais pour le modèle financé par la publicité, car il nécessite une base de téléspectateurs importante.

La distanciation sociale a également stimulé le marché de la SVOD en Europe occidentale. Selon les prévisions, les gains résultant principalement de la pandémie devraient atteindre 45 millions d'abonnés en 2020. Le nombre de téléspectateurs SVOD devrait atteindre 197 millions en 2025, soit le double du niveau de 2019.

Prévisions : Nombre d'abonnés SVOD en Europe occidentale (en millions)

Le marché du cinéma devrait rebondir, mais il lui sera encore plus difficile de concurrencer les services de streaming. En effet, de plus en plus de films seront présentés en avant-première en ligne, de sorte que les spectateurs pourront profiter des dernières sorties tout en profitant du confort de leur maison.

Le marché de l'IPTV en hausse

De plus en plus d'abonnés passeront de la télévision par satellite et par câble à la l’IPTV, poussés majoritairement par la pandémie. Aujourd'hui, le public tend à renoncer à la télévision traditionnelle au profit de l'IPTV.

Selon les prévisions d'ici à 2025, plus d'un milliard de ménages seront passés à la télévision payante. Les services IPTV augmenteront ainsi leur base d'utilisateurs à 84 millions au cours des cinq prochaines années, ce qui portera leur part à 37 %. La télévision par satellite perdra quant à elle 4 millions d'abonnés, sa part passant de 21 % à 20 %, tandis que celle de la télévision par câble se réduira à 47 %.

Les opérateurs IPTV continuent d'élargir leurs offres de services. Ils incluent désormais la télévision linéaire, la VoD, la téléphonie, la vidéosurveillance, et même le Smart Home. Cette stratégie permet d'attirer de nouveaux abonnés, car les opérateurs du câble et du satellite ne peuvent pas proposer de telles fonctionnalités.

La pandémie a grandement affecté le secteur de l'IPTV/OTT, mais pour le mieux, car elle a permis aux opérateurs mondiaux et locaux de prospérer à travers elle. La COVID-19 a provoqué une augmentation du trafic en ligne et la fermeture de cinémas. Les tournages ont été interrompus dans le monde entier. Les services de streaming sont contraints de proposer des rediffusions d'événements sportifs et commencent à proposer davantage de chaînes d'information à leurs abonnés. Pendant ce temps, la SVOD restera le modèle de monétisation prédominant, et le marché de l'IPTV affichera des gains substantiels au cours des cinq prochaines années.

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